Octobre

Octobre m’a filé entre les doigts. J’ai essayé autant que possible de profiter de la chaleur du soleil, des couleurs des feuilles, du bruit de mes bottes dans les feuilles mortes, de l’odeur de l’air après la neige.

J’ai été au bord du fleuve lors de la première neige. Température peu clémente, mais en accord avec mon humeur.

Je ne sais pas trop où est passée le reste de l’année. Il me semble que c’était la semaine dernière que tout fermait. J’ai quitté le bureau en laissant tout derrière moi, convaincue que je serais de retour deux semaines plus tard. C’était en mars. Je portais encore mes bottes et mon manteau d’hiver. Et me revoilà, 7 mois plus tard. La neige a fondu, a laissé la place à un été chaud, avant de reprendre ses droits.

J’avais des plans, pour cette année, comme tout le monde. Je voulais aller marcher en forêt toutes les fin de semaines. J’ai dû me contenter des rues de mon quartier. Et des parcs des alentours.

Je devais aller en Gaspésie.
Je devais aller voir une exposition sur Turner.
Je devais faire des sorties photos avec mon père.
Je devais passer une fin de semaine au chalet avec des amies d’enfance.
Je devais…

Je n’ai pas pu.

Plus que tout, les possibilités me manquent. Je réalise que le fait de savoir que quelque chose était possible me suffisait, parfois.

Ce sont de petits deuils. Individuellement, ils sont plutôt inoffensifs, mais cumulés… ils sont plus difficiles à digérer.

Octobre était à la fois magnifique et triste cette année. J’essaie de profiter des petits instants, de rester dans le moment présent, même si c’est cliché. Surtout, de ne pas penser aux Fêtes.

J’ai trouvé un peu de joie dans la photo. Après une pause de 7 ans, c’est un réel bonheur. Je m’y accroche.

Je ne sais pas ce que je vais faire cet hiver. Quand les fleurs auront disparues pour l’hiver. Toute cette beauté, je ne sais pas où je vais la trouver, et ça m’angoisse un peu.

Octobre m’a filé entre les doigts et j’anticipe la morosité de novembre. Alors j’essaie de prendre les choses comme elles viennent, de rester dans le présent. Et de me rappeler que l’été fini toujours par revenir, quoi qu’il arrive.